Charlie, professeur d’anglais reclus chez lui, tente de renouer avec sa fille adolescente pour une ultime chance de rédemption.
Lorsque le film se finit, on vient de vivre une semaine avec Charlie dans son appartement et clairement, dans la salle, que ce soit le rythme et le développement de l’histoire, le final ou les acteurs : le temps s’est figé un court instant. Quelques sanglots et reniflements dans un mouchoir briser le silence et nous rappeler à la réalité.
Bouleversant de sincérité…
Évidemment la performance de Brendan Fraser impressionne ! Au-delà du physique créé pour le film qui impressionne, c’est surtout par la voix et le regard qu’il arrive un transmettre tout un panel d’émotions ! Il y a de la culpabilité, de la tristesse. Une lassitude et une résignation ponctuées parfois de colère.
Le personnage est intéressant riche et surtout humain avec ses contradictions. Le film arrive de façon intelligente à nous expliquer son histoire et on ne tombe pas dans la grossophobie.
Les autres personnages sont aussi très bien joués. Hong Chau, accompagne son ami bien qu’il refuse son aide, navigue elle aussi entre la frustration et la tristesse. Vivre le drame en étant incapable de changer la fin inéluctable.
Enfin deux personnages plus jeunes viennent compléter le casting, la fille de Charlie et un jeune homme faisant du porte-à-porte pour prêcher la bonne parole… L’occasion avec la première de compléter le personnage de Charlie et avec le deuxième d’amener quelques réflexions sur la « vie » et quelques critiques sociétales.
…ou artifices « Oscarisables » ?
Le format « carré » de prise de vues, les couleurs assez sombres qui dominent. Une façon de filmer et de monter crescendo avec quelques scènes frappantes au cours du récit pour finir en apothéose à grand renfort de musique. Oui, les différents moyens techniques du drame sont utilisés de façon presque académique. Cependant, le résultat est efficace, comme annoncé en introduction, et sert assez bien le propos du film.
Est-ce que le film ne tarde pas trop à nous montrer l’homme derrière The Whale ? Est-ce que l’on nous montre trop de scènes saupoudrées de clichés et/ou frôlant le voyeurisme de cette obésité morbide ? Difficile de trancher mais il est vrai que l’on peut ressentir une impression, voulue ou non, d’obtenir un résultat qui transpire l’oscar. On peut aussi imaginer que le réalisateur a souhaité être sincère et ne pas se censurer en montrant sans hypocrisie les méandres psychiques de son personnage et de sa condition physique. Le personnage loue la sincérité à ses élèves, on peut espérer que le réalisateur s’est placé dans cette même démarche.
Des mythes, des parallèles, de la psychologie : quelle lecture ?
De nombreux dialogues et de nombreuses scènes font des parallèles avec la religion. Ne serait-ce que la fin du film et cet écran blanc que l’on nous jette à la figure et contrastant avec le reste du film. Tout y passe, la sexualité, le péché, l’homosexualité. Des métaphores plus ou moins réussies et intéressantes. La création de sa fille, le rôle du père, de la mère. L’incohérence des discours sur l’Amour, la différence, le jugement…
Hormis, les petits tacles, ce n’est pas des plus pertinents et n’apporte pas de plus au film. Les acteurs, l’émotion que le film essaye de transmettre suffisent amplement pour le spectateur.
C’est néanmoins à double tranchant car si l’on prend le personnage comme un mec pleurnichard qui attend la fin en mettant de côté sa dépression et que l’on ne ressent pas dès le début l’empathie souhaitée par la réalisation, le film semblera alors bien long.
Bref, c’est efficace, bien réalisé et arrive effectivement à transmettre des émotions. Le film ne laisse pas indifférent. Et puis quel retour de Fraser ! (Edit 13/03/23: Gagne l’oscar.)

Vu le 09/03/2023 en VOst. (1h57) Sortie : 8 mar. 2023