Oppenheimer

En 1942, les États-Unis lancent le secret « Projet Manhattan » pour créer la première bombe atomique, dirigé par le physicien J. Robert Oppenheimer à Los Alamos. Ses conséquences continuent de marquer le monde actuel.

L’histoire d’une époque peut-être plus que celle d’un homme.

Si le film nous fait découvrir le personnage et un peu de son intimité, ce dernier sert réellement de fil conducteur pour mettre en lumière l’organisation du projet Manhattan avec la construction scientifique et la dimension militaro-politique sous-jacente. Toutes deux apportent leur lot de personnages et d’égos, entraînant quelques manipulations et autres inquiétudes d’espionnage dans une période de guerre et de crainte du communisme qui sont intéressantes à suivre à l’écran.

En restant distant avec son personnage principal, le film joue sur le flou qui entoure l’opinion sur l’œuvre et la vie privée d’Oppenheimer. Pour l’incarner, Cillian Murphy offre une belle performance : stoïque, perturbé, investi, fragile, distant… Les seconds rôles ne sont pas en reste. Que ce soit brièvement avec Tom Conti en Albert Einstein ou Gary Oldman en Président Truman, ou plus longuement avec Matt Damon en général ou Emily Blunt en épouse, ils apportent tous quelque chose d’intéressant à la construction du récit et à l’ambiance générale. Florence Pugh s’en sort très bien aussi et permet d’aborder un peu plus l’intimité d’Oppenheimer et de comprendre ce qu’il se passera pour lui plus tard.

Du cinéma intense et puissant !

Une ambiance particulière s’installe pendant les 3 heures grâce à un visuel bénéficiant d’un jeu de lumière impeccable, que ce soit entre les murs de la faculté ou en extérieur à Los Alamos. Les couleurs, le noir et blanc ou encore les costumes, les décors et puis surtout le son participe à un rendu de qualité ! On est parfois même écrasé par la force de la musique ou des effets sonores pour appuyer l’intensité du moment ou des réflexions du personnage. Le sol de la salle tremblait comme rarement avec les basses utilisées.

Le montage est assez réussi car on se faufile plusieurs fois entre différentes périodes marquant cette époque. Des allers-retours avec son audition de sécurité qui s’ancre aussi autour du personnage de Robert Downey Jr, autre second rôle appréciable.

Malgré un manque d’explication au début, on suit l’histoire de tous ces personnages avec assez de facilité. On ne s’ennuie pas et on apprend quelques détails intéressants. Le film permet de réfléchir un peu, de se poser des questions, de prendre un certain recul sur toutes les conséquences du travail mené au pas de course par les scientifiques.

Un petit manque de fond et de sens ?

Si l’on met de côté la qualité de la réalisation, on se demande si ce n’est pas un peu trop par moments et si elle ne prend pas le devant par rapport au fond. Est-ce que le réalisateur n’essaie pas de rendre compliqué ou de jouer sur les effets de montage cités précédemment pour pallier un éventuel manque de matière sur le personnage ? De plus, on aurait pu aborder beaucoup plus sujets d’importance. La relation avec l’URSS est confuse, le rôle du japon et le manque d’explicitation sur le contexte du largage des deux bombes à deux jours d’intervalle.

D’ailleurs, le choix est fait de ne rien montrer des ravages des deux bombes, alors que tout le film amène à leur construction et à cette finalité. Difficile dans ces conditions de mettre en perspective le ressenti des protagonistes: la joie partagée des équipes qui ont travaillé 3 ans pour leur pays mais aussi leur responsabilité sur les plus de 200 000 morts… et au final de se faire une idée d’Oppenheimer.

Bref, le film en impose, c’est du Christopher Nolan à l’écran: aucun doute ! Quelques petites erreurs, peut-être, de mise en scène trop conceptuelles, mais qui permettent au spectateur de se faire sa propre idée ?

Vu le 23/07/2023 en VOst. (3h00) Sortie : 19 juillet 2023

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