Megalopolis

Megalopolis est une épopée romaine dans une Amérique moderne imaginaire en pleine décadence. La ville de New Rome doit absolument changer, ce qui crée un conflit majeur entre César Catilina, artiste de génie ayant le pouvoir d’arrêter le temps, et le maire archi-conservateur Franklyn Cicero. Le premier rêve d’un avenir utopique idéal alors que le second reste très attaché à un statu quo régressif protecteur de la cupidité, des privilèges et des milices privées.

Dès le début, le film nous plonge dans un maelström de personnages et d’intrigues. On nous présente une multitude de figures dont il est difficile de saisir immédiatement les relations et les motivations. Ce n’est pas tant la complexité de l’intrigue qui désoriente, mais plutôt le manque de cohérence entre les personnages et leurs actions au fil de l’histoire. Le cadre, une sorte de New York version « néo-romaine » où les citoyens s’habillent comme dans l’Antiquité pour des soirées mondaines, ajoute à cette confusion.

Parmi les personnages principaux, Nathalie Emmanuel incarne une figure dont la dynamique avec César manque de crédibilité. Sa relation avec ses parents et César semble bancale, et on a du mal à y croire. Quant à César Catilina (A. Driver), doté du pouvoir d’arrêter le temps, il s’enlise dans une série de tirades verbeuses qui ne parviennent ni à rendre son personnage captivant, ni à exploiter son pouvoir de manière intéressante. À quoi sert ce pouvoir ? Comment fonctionne-t-il ? Et surtout, qu’est-ce que Mégalopolis exactement ? Ce n’est que vers la fin du film que nous avons un aperçu superficiel de la ville éponyme, sans jamais en saisir pleinement la portée ou l’importance.

Il reste l’intrigue qui n’offre guère de nouveauté : luttes de pouvoir, manipulations financières et rivalités entre personnages. Certains d’entre eux, bien que plus cohérents au cours du scénario, tombent dans des archétypes usés. Shia LaBeouf, en méchant excentrique, semble se caricaturer lui-même, alors qu’Aubrey Plaza fait de son mieux pour insuffler de la vie à son personnage, malgré le manque de profondeur de celui-ci. Elle parvient tout de même à se distinguer grâce à quelques scènes intenses, mais ses efforts sont noyés dans un scénario Mégalo.

Il est évident que des moyens considérables ont été déployés pour donner vie à ce film. La réalisation est soignée, et certains visuels sont impressionnants, avec quelques trouvailles esthétiques intéressantes. Cependant, ces éléments ne suffisent pas à compenser la lenteur et l’absence de véritable engagement émotionnel. Le film est découpé en chapitres, chacun présenté par un tableau narré par Laurence Fishburne. Mais au lieu de donner du rythme, cette structure étire le temps, et l’ennui s’installe. Le public commence à bouger sur son siège, à consulter son téléphone – signe que la magie n’opère pas.

Quel est le message du réalisateur ? Une critique de la société ? Un appel à l’optimisme en faveur des jeunes et de la créativité ? Un testament philosophique sur la nature humaine ? Le film semble vouloir dire beaucoup de choses à la fois sans jamais en approfondir aucune. Trop ambitieux pour son propre bien, Megalopolis laisse finalement le spectateur perplexe.

Bref, un résultat décevant sauf si le but était de déstabiliser le public et de laisser chacun repartir dans une certaine confusion, alors on peut dire que c’est mission accomplie.

Vu le 03/10/2024. (2h15) Sortie : 25 septembre 2024

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  • Publication publiée :3 octobre 2024
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