Les Banshees d’Inisherin

Sur Inisherin – une île isolée au large de la côte ouest de l’Irlande – deux compères de toujours, Padraic et Colm, se retrouvent dans une impasse lorsque Colm décide du jour au lendemain de mettre fin à leur amitié. Les efforts répétés de Padraic ne font que renforcer la détermination de son ancien ami qui finitfinit par poser un ultimatum désespéré.

Une idée de départ simple mais efficace sous forme de menace !

La décision brusque et assez rude de Colm (Brendan Gleeson) de ne plus vouloir côtoyer Padraic (Colin Farell) l’est d’autant plus que le film arrive très vite à nous planter le décor et à nous présenter le contexte. Cette situation absurde arrive donc rapidement à capter notre intérêt d’autant que les deux personnages semblent attachants.

On peut comprendre la décision de Colm et l’incompréhension de Padraic. Dans le village, pas de parti pris: les gens observent, assez passivement tant que ça permet quelques commérages.

Et puis la menace surgit, donnant à l’histoire un rythme appréciable. Après tout, comment faire, sur une île où le point névralgique est le pub, pour ne plus « embêter » et ne plus parler à un individu surtout si vous avez un coup dans le nez. Le film arrive a maintenir le rythme avec une surenchère, une escalade de menaces et/ou de violences…

Un cadre, une ambiance, des acteurs.

Avec presque 2 heures de film, le réalisateur prend le soin et le temps de faire des prises de vues »carte postale ». Il en résulte des images sublimes le toute avec une ambiance sonore agréable. Cela permet aussi d’apprécier peut-être la solitude liée à la vie insulaire en nous laissant découvrir le paysage au rythme de la marche des personnages. Les couleurs de l’Irlande qui, en fonction de la météo et du moment de la journée, pigmentent une routine assez lente.

C’est très bien filmé, les acteurs jouent bien, et la version originale est très appréciable avec des dialogues assez marquants. On assiste, dans l’absurde, à des événements assez durs, à une folie que la sœur de Padraic (Kerry Condon) laisse derrière elle. C’est peut-être, le rôle le plus réussi du film. Sorte de pilier de lucidité et de raison, elle met en exergue les incohérences et la folie des autres personnages. Le personnage montre aussi via ces incohérences les limites propres à l’intrigue. Comment tout un village peut-il laisser un homme se mutiler ainsi, sans parler du fait de le voir pisser le sang entre deux pintes avec ses amis musiciens jouant gaiment du violon ? Bien que certains personnages secondaires soient très bien interprétés à l’instar de l’idiot du village (Barry Keoghan), on aurait aimé qu’ils soient plus travaillés et développés dans le film.

Si l’histoire apporte tout un tas d’éléments plutôt bien travaillés en allant du bizarre à l’humour, en passant par la violence et la tristesse. Est-ce que quelques fois, on ne frôle pas trop la caricature en voulant trop jouer sur le rustique, les dialogues ciselés, sur l’animal et sa comparaison avec Homo sapiens. Comparaison qui amène à poser la question de la finalité de l’Humain avec le sens de la vie ou du vivre ensemble…

Bref, un drame, une tragi-comédie ? Un film en tout cas qui propose un contenu original, le tout avec de très nombreux (acteurs, images…). Certains y trouveront de nombreuses lectures mais on se demande quand même si le film ne recherche pas trop à être récompenser en distillant une sorte de désespoir existentiel.

Vu le 29/12/2022 en VOst. (1h54) Sortie : 28 Déc. 2022

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  • Publication publiée :29 décembre 2022
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