L’Abbé Pierre – Une vie de combats

La création d’Emmaüs et le raz de marée de son inoubliable appel de l’hiver 54 ont fait de lui une icône. Pourtant, chaque jour, il a douté de son action. Ses fragilités, ses souffrances, sa vie intime à peine crédibles sont restées inconnues du grand public. Révolté par la misère et les injustices, souvent critiqué, parfois trahi, Henri Grouès a eu mille vies et a mené mille combats. Il a marqué l’Histoire sous le nom qu’il s’était choisi : l’Abbé Pierre.

Le démarrage du film a été un peu difficile pour moi, peinant à m’immerger vraiment dans l’histoire. L’ambiance, teintée de mysticisme et encore une fois soutenue par une voix off récurrente, un élément de narration que je ne trouve que rarement réussi.

Le film fait le choix de couvrir presque toute la vie de cet homme : de la fin de l’adolescence jusqu’à sa fin, avec de nombreuses ellipses. Cela offre un survol de tous les aspects de sa vie, mais avec cette sensation tenace de ne pas approfondir suffisamment. On perçoit le combat et parfois on devine les idées qui l’ont animé, mais cela reste à la surface de ses choix.

Le synopsis promettait des trahisons, des critiques et des éléments inconnus de sa vie intime. Cependant, après le film, il est difficile de prétendre vraiment en savoir plus sur l’abbé.

Certes, on découvre le rôle de Lucie Coutaz à ses côtés, interprétée par Emmanuelle Bercot, ainsi que quelques compagnons des débuts d’Emmaüs et des moments marquants de la vie de ce frère des pauvres.

En dépit du rythme parfois lent et des interruptions peut être maladroites par des images d’archives, Benjamin Lavernhe offre une performance de qualité, tout comme les acteurs qui l’entourent, c’est indéniable.

Certaines scènes sont particulièrement efficaces et viennent remuer quelque chose au fond de nous. Cela résonne d’autant plus avec l’actualité, nous rappelant 70 ans après, la nécessité de lutter contre la bêtise et la haine, un rappel bienvenu en ces temps de divisions. La fin, à cet égard, est particulièrement réussie.

La réalisation est plutôt soignée, les décors et les acteurs rendent le tout crédible à l’écran, avec un maquillage naturel. La bande originale, sans fioriture, accompagne efficacement les moments dramatiques du film.

Bref, un film dans la norme, ni exceptionnel ni raté. Le récit est bien mis en scène, mais il est dommage que la bonne interprétation de l’acteur ne soit pas exploitée davantage pour nous faire découvrir l’abbé Pierre en profondeur.

Vu le 23/11/2023. (2h20) Sortie : 18 nov. 2023

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  • Publication publiée :23 novembre 2023
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