La Plus Précieuse Des Marchandises

Il était une fois, dans un grand bois, un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne.
Un jour, pauvre bûcheronne recueille un bébé. Un bébé jeté d’un des nombreux trains qui traversent sans cesse leur bois. Leur histoire va révéler le pire comme le meilleur du cœur des hommes.

La plus précieuse des marchandises débute sous la voix grave et familière de Jean-Louis Trintignant, narrateur qui encadre le film avec une introduction et une conclusion empreintes de solennité. Si cette narration peut paraître légèrement clichée au départ, elle s’avère bouleversante et pertinente au fur et à mesure que l’histoire se déploie. Ce conte animé nous transporte dans une forêt enneigée, où la simplicité de la vie d’un pauvre bûcheron et de sa femme contraste avec le poids écrasant de la guerre qui fait rage autour d’eux et dont la pauvre bucheronne n’a d’ailleurs aucune idée.

Visuellement, le film se distingue par des dessins aux traits épais et ronds pour les personnages, et plus délicats pour les décors, qui évoquent un univers très « conte » avec le bois et sa maison en capturant la dureté de l’hiver et des épreuves. L’animation est fluide et vivante, enrichie par un travail minutieux sur les jeux de lumière et de couleur surtout quand le printemps arrive. Ces éléments varient avec justesse entre les saisons et les émotions: des tons glacials et austères de l’hiver à des instants plus chaleureux empreints d’espoir. La bande sonore, sensible et en harmonie avec les images, amplifie chaque moment, qu’il s’agisse de l’émerveillement face aux rires du bébé ou de l’angoisse face à l’horreur qui n’est pas loin.

L’histoire, bien qu’ancrée dans la Shoah, prend la forme d’un conte intemporel où se mêlent humanisme, tragédie et espoir. Sans jamais sombrer dans une représentation excessive de l’horreur, le film suggère avec subtilité la violence et la cruauté, tout en montrant la beauté du courage et de l’amour. Le bébé, au centre du récit, devient une source d’attendrissement pour le spectateur, tout comme pour le couple de bûcherons, et incarne à la fois l’innocence et la promesse d’un renouveau qui mérite de se battre pour.

L’ellipse finale et la narration qui l’accompagne laissent une impression durable, renforçant les thèmes de résilience et de choix moral. Le discours particulier de la pauvre bûcheronne sur les dieux au début interroge mais ajoute une touche singulière au récit, entre philosophie et prise de conscience. Le personnage évolue comme celui de son mari ce qui ajoute à l’intérêt du film.

En 1h20, le film parvient à captiver sans jamais lasser, en explorant une gamme riche d’émotions et de thèmes. Bien qu’il s’agisse d’un conte, il reste un puissant outil pour introduire auprès des plus jeunes des discussions sur l’horreur de la guerre, l’importance de l’humanité et le rejet de la haine. Son intemporalité résonne d’autant plus dans le contexte actuel, rappelant que le libre arbitre et le choix de l’amour plutôt que de la haine sont des enjeux toujours pertinents.

Bref, La plus précieuse des marchandises est un film d’animation aussi beau que bouleversant, qui marie la simplicité d’un conte à la profondeur des leçons humaines. Avec une histoire d’espoir et de résilience, il invite les spectateurs de tous âges à réfléchir sur leur rôle dans un monde qui oscille souvent entre le pire et le meilleur. Une œuvre touchante et nécessaire.

Vu le 25/11/2024. (1h20) Sortie : 20 novembre 2024

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  • Publication publiée :29 novembre 2024
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