Emmanuelle

Interdit – 12 ans

Emmanuelle est en quête d’un plaisir perdu. Elle s’envole seule à Hong Kong, pour un voyage professionnel. Dans cette ville-monde sensuelle, elle multiplie les expériences et fait la rencontre de Kei, un homme qui ne cesse de lui échapper.

Le temps pour le film de nous plonger dans l’errance d’Emmanuelle. Elle évalue un hôtel de luxe, mais, dès le début, on découvre un personnage tourmenté, ou du moins ambigu dans ses relations aux autres. Un coup de téléphone met en lumière son désenchantement : elle ne semble plus trouver de plaisir dans sa vie professionnelle comme intime, malgré de nombreuses tentatives.

Néanmoins, Emmanuelle reste une femme forte et indépendante, assumant pleinement ses choix. Le film insiste parfois sur cet aspect, comme pour contrebalancer l’érotisation présente dans plusieurs scènes. En rencontrant Kei, personnage énigmatique qui lui redonne l’envie d’avoir envie, elle semble peu à peu se réapproprier son corps et retrouver le goût de la vie.

Les interprétations de Will Sharpe et Noémie Merlant sont à saluer. Ensemble, ils apportent une belle intensité à leurs scènes communes, bénéficiant de dialogues bien écrits et d’un jeu d’acteur particulièrement pertinent. C’est sans doute là l’un des points forts du film : suivre ces deux personnages dans leur relation ambiguë et s’imprégner de leur jeu, sublimé par une bande originale soignée et des effets sonores efficaces. Le film est visuellement très beau, avec une réalisation soignée qui prend le temps d’installer une atmosphère feutrée et sensuelle.

Cependant, malgré la beauté des images et des moments de tension qui montent crescendo, l’intrigue reste floue. Le récit nous promène sans véritable but, avec quelques rencontres ici et là. Le mystère qui entoure Kei crée une frustration palpable, mais celle-ci finit par s’atténuer lorsque l’intrigue reprend son rythme, nous entraînant dans une balade nocturne un peu stéréotypée dans Hong-Kong, mais suffisamment bien construite pour mener à une scène finale qui vient clore la quête d’Emmanuelle.

Le film joue habilement avec les codes et clichés du genre, assumant une « vraie » érotisation sans jamais basculer dans la gratuité. Les scènes explicites restent mesurées et, souvent, c’est ce qui est suggéré plutôt que montré qui se révèle le plus sensuel. Cette subtilité dans l’approche du désir est réalisé avec intelligence.

Il y a cependant des longueurs à signaler même si elles participent à l’errance intérieure du personnage principal. Comme le dit la directrice de l’hôtel, jouée par Naomi Watts, le rythme lent pousse la clientèle à aller plus loin, tout comme le spectateur, qui persiste malgré quelques moments creux. L’aspect professionnel de l’intrigue – l’évaluation de l’hôtel – semble quant à lui un peu anecdotique et finit par apparaître comme un prétexte narratif, manquant d’intérêt réel.

Bref, Emmanuelle est un film bien réalisé, porté par de belles images et des performances d’acteurs solides, en particulier Noémie Merlant, qui exprime à merveille les nuances émotionnelles de son personnage: il suffit de voir les émotions transmises par son visage. Bien que le film ne révolutionne pas le genre, il offre un moment de cinéma différent, où l’errance personnelle et la recherche de soi sont explorées avec une sensibilité certaine.

Vu le 25/09/2024. (1h45) Sortie : 25 septembre 2024

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