Une nuit, Émilie, une jeune étudiante, remarque qu’un drone silencieux l’observe à la fenêtre de son appartement. Les jours suivants, il la suit et scrute chacun de ses mouvements. D’abord protecteur, le drone devient inquiétant. Émilie se sent de plus en plus menacée.

Un cadre réussi.

Pour son premier film, Simon Bouisson propose une réalisation visuelle et sonore particulièrement soignée. Les décors varient habilement entre les paysages urbains de banlieue, des structures architecturales sophistiquées, et les souterrains d’un bâtiment désaffecté. La maîtrise des couleurs et de la lumière est d’autant plus appréciable que de nombreuses scènes se déroulent de nuit, renforçant la tension dans lequel se retrouve le spectateur. Les prises de vue aériennes, réalisées avec un drone, apportent par ailleurs un dynamisme unique, permettant presque à cet outil de métal de devenir un personnage à part entière du récit. La bande-son, parfaitement calibrée, accompagne le suspense et rythme bien certaines scènes comme celles avec Mina (Eugénie Derouand) DJ qui envoute Emilie. Les scènes dans l’appartement d’Émilie jouent entre l’intérieur et l’extérieur afin de mêler habilement l’intimité du personnage et le voyeurisme omniprésent dans le film, renforçant ainsi l’atmosphère oppressante.

Un scénario prenant.

La première partie du film nous présente Émilie, incarnée par Marion Barbeau, une jeune femme isolée, marquée par des épreuves que « des millions de femmes » connaissent. Elle vit entre ses études et son « petit boulot », dans une forme de résignation. Au fil du film, l’intrigue s’intensifie et son évolution, bien que discrète, reste prenante. Sa fragilité, son désespoir, puis son désir de reprendre le contrôle de sa vie sont bien interprétés. Le film aborde des thématiques sociales comme le voyeurisme et la toxicité masculine avec une certaine finesse. Le personnage de Cédric Kahn, bien que parfois un peu stéréotypé, sert à accentuer le malaise ambiant et à brouiller les pistes.

Bref, Simon Bouisson réussit un thriller solide, avec une réalisation inventive, notamment grâce à l’utilisation originale du drone. En respectant les codes du genre tout en introduisant de l’originalité, le film garde le spectateur en haleine jusqu’à la conclusion.

Vu le 07/10/2024. (1h45) Sortie : 2 octobre 2024