À la mort inattendue et mystérieuse du pape, le cardinal Lawrence se retrouve en charge d’organiser le conclave pour désigner son successeur. Mais les machinations politiques s’intensifient derrière les murs du Vatican, et un secret laissé par le défunt pape pourrait bien bouleverser l’élection et l’avenir de l’Église.
Un thriller politique au cœur du Vatican
Conclave offre une plongée immersive dans le huis clos oppressant et solennel du conclave, mêlant intrigues politiques et réflexions morales. Dès la première scène, le film établit son cadre et ses protagonistes clés autour du défunt. Ralph Fiennes, impeccable dans le rôle du cardinal Lawrence, et Stanley Tucci, convaincant en cardinal Bellini, incarnent avec justesse des figures complexes tiraillées entre leurs devoirs religieux et leurs ambitions personnelles.
L’esthétique du film est l’un de ses points forts. La mise en scène tire parti des décors majestueux et austères du Vatican : des couloirs de marbre glacials, une cantine spartiate, et des cardinaux en habits rouges tranchant dans ce décor d’un froid solennel. Chaque plan est soigneusement pensé, avec des jeux de lumière et de teintes qui reflètent l’ambiance pesante et les tensions qui montent au fil des votes.
Le suspense s’installe progressivement. Le récit distille des indices sur les failles et les secrets des candidats au trône pontifical, créant une atmosphère intrigante. Les différentes phases de l’élection, marquées par des votes successifs et les fumées noires, rythment le film avec un mélange d’anticipation et de doute. Si certaines révélations sont attendues, le film réussit néanmoins à surprendre avec un dénouement ingénieux et un twist final astucieux. Ce dernier, à la fois amusant et ironique, souligne avec finesse les contradictions entre les valeurs prônées par l’Église et certaines de ses pratiques.
Les personnages sont bien campés, et les performances des acteurs renforcent l’immersion. Isabella Rossellini apporte une touche de fraîcheur féminine dans cet univers exclusivement masculin, rappelant que ces cardinaux, malgré leurs titres et leur foi, restent des hommes avec leurs certitudes, leurs faiblesses, et leurs ambitions. Toutefois, certains personnages tombent dans des stéréotypes, ce qui, bien que parfois caricatural, sert l’intrigue et sa progression.
Si le film joue habilement sur le suspense et l’atmosphère dramatique, il souffre par moments de quelques longueurs ou des scène un peu trop appuyées « Actor Studio ». Ces passages ralentissent légèrement le rythme mais ne nuisent pas à l’ensemble, qui reste assez captivant.
Bref, est un thriller ingénieux et élégant, mêlant intrigues politiques, drame et réflexions sur les contradictions du pouvoir religieux. Porté par un casting de qualité et une mise en scène soignée, le film parvient à maintenir un équilibre entre suspense, sérieux, et petites touches d’humour. Malgré quelques stéréotypes et des moments plus lents, il offre un regard intéressant sur les rouages d’une élection papale.

Vu le 8/12/2024. (2h00) Sortie : 4 décembre 2024