Nosferatu

Interdit – 12 ans avec avertissement

Nosferatu, l’histoire d’une obsession entre une jeune femme tourmentée et le terrifiant vampire qui s’en est épris, avec toute l’horreur qu’elle va répandre dans son sillage.

Cette relecture moderne du classique ambitionne de revisiter la fable gothique en y injectant une esthétique travaillée et des thématiques contemporaines. Avec Lily-Rose Depp dans le rôle d’Ellen Hutter, Nicholas Hoult en époux dévoué, et Bill Skarsgård campant le terrifiant Nosferatu, le film promettait beaucoup, mais laisse un goût d’inachevé.

Le décor est planté dans une Allemagne du XIXe siècle, avec une ambiance froide et humide des rues pavées contraste ou encore la désolation du château Transylvanien. Les costumes et décors, tout en étant soignés et parfois très immersifs, peuvent apparaître trop léchés, au point de sacrifier une part de naturel. Si les fléaux apportés par Nosferatu enrichissent visuellement le récit avec des corps abîmés, une atmosphère macabre et des rats grouillant dans les caniveaux, l’esthétique omniprésente finit par devenir pompeuse, ce qui dessert l’immersion.

La première partie du film, voire les deux tiers, souffre d’un rythme excessivement lent. Les mouvements de caméra, les transitions étirées et le choix de scènes contemplatives tentent d’instaurer une ambiance lourde, mais peinent à captiver. L’introduction, confuse et mal exploitée, n’aide pas à entrer dans le récit. Il faut attendre l’arrivée de Nosferatu en ville pour ressentir un regain de tension, mais cela arrive trop tard pour compenser la première partie laborieuse où l’ennui s’est déjà trop installer.

Lily-Rose Depp tire son épingle du jeu en livrant une performance nuancée dans un rôle exigeant, avec quelques scènes marquantes. Bill Skarsgård, maquillé et équipé de prothèses, incarne un Nosferatu qui instaure un malaise par sa seule présence, mais l’acteur semble limité par ce déguisement. Willem Dafoe, fidèle à lui-même, interprète un personnage qu’il semble avoir déjà joué de nombreuse fois. À l’inverse, Aaron Taylor-Johnson peine à convaincre dans son rôle, tandis qu’Emma Corrin s’en sort grâce à des scènes dures mais bien jouées.

Côté horreur, le film offre quelques scènes gores et quelques effets de surprise, mais rien de véritablement marquant. Loin de provoquer une peur viscérale, il mise davantage sur une tension latente qui ne prend jamais totalement. Le scénario, quant à lui, reste flou, naviguant sans cap clair et échouant à exploiter pleinement ses thématiques ou à ancrer les spectateurs dans une empathie réelle. Le décès de deux jeunes filles apporte une pointe d’émotion, mais les personnages principaux semblent enfermés dans une boucle répétitive et dépourvus de véritable profondeur.

Les tentatives de parallèle entre Ellen et l’oppression patriarcale qu’elle subit laissent entrevoir une réflexion intéressante, mais celle-ci reste en surface. Si Nosferatu aborde des idées pertinentes sur la domination et les désirs destructeurs, elles ne sont pas assez développées pour porter le récit.

Bref, malgré une esthétique léchée, et une distribution assez talentueuse, Nosferatu s’enlise dans un rythme trop lent et un scénario flou qui dilue son propos. Les 2h12 se ressentent, et le film peine à offrir une expérience réellement captivante. Dommage, car avec un traitement plus audacieux, notamment du personnage d’Ellen, il aurait pu se hisser au-delà de cette relecture en demi-teinte.

Vu le 27/12/2024 en VOst. (2h12) Sortie : 25 décembre 2024

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  • Publication publiée :28 décembre 2024
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