Ce film qui adopte une forme apparente de comédie mais montre plusieurs scènes réalistes de violence sexuelle dont un viol conjugal – outre quelques images gores – susceptibles de troubler un public en dessous de cet âge.
Trois femmes, dans un appartement à Marseille en pleine canicule. En face, leur mystérieux voisin, objet de tous les fantasmes. Elles se retrouvent coincées dans une affaire terrifiante et délirante avec comme seule quête, leur liberté.
Un film qui surprend grâce à ses portraits féminins
Avec Les femmes au balcon, Noémie Marlant livre un deuxième long-métrage qui bouscule et interpelle. Dès les premières minutes, le film surprend et déstabilise, installant une ambiance à la fois intense et intrigante. Le décor, une Marseille écrasée par la canicule, devient un terrain d’exploration bien que quasiment en huis-clos pour un trio de femmes aussi complexe qu’attachant.
On suit Elise (Noémie Marlant), fraîchement arrivée de Paris, retrouvant ses deux amies : Nicole (Sanda Codreanu), une femme hantée par des fantasmes sur son mystérieux voisin, et Ruby (Souheila Yacoub), dont le bouleversement personnel constitue l’un des arcs poignants du film. Chacune des trois femmes apporte une perspective unique, et leur évolution, bien construite, éclaire les thématiques du film : violences faites aux femmes, quête de liberté, et introspection. Les interactions entre les actrices sont appréciables, insufflant une authenticité et une profondeur aux dialogues.
Des dialogues qui frappent juste
Un autre atout majeur du film réside dans ses dialogues, à la fois percutants et révélateurs, comme en témoigne le personnage de Paul, campé par Christophe Montenez. Ils ancrent le récit dans une réalité parfois crue, où les mots dévoilent les vérités intimes et dérangent autant qu’ils éclairent. Ce réalisme invite le spectateur à une introspection nécessaire: beaucoup devraient regarder le film pour se remettre en question.
Le film navigue ainsi entre des scènes crues, qui forcent à réfléchir sur des sujets souvent tus (viol dans le couple, sexualisation des corps par al gente masculine, rapports de domination), et des moments étrangement légers, où l’humour surgit parfois de manière déroutante. Cette oscillation, si elle peut déstabiliser, illustre aussi la complexité des émotions humaines, et ajoute à l’atmosphère singulière du film.
Une photographie et un son captivant
La réalisation, soignée, tire parti des décors méditerranéens, avec une caméra qui capte aussi bien la chaleur suffocante de la ville que l’intimité des appartements. La bande originale, inventive et parfaitement intégrée, amplifie l’impact émotionnel des scènes, qu’elles soient dramatiques ou fantasmagoriques. Toutefois, l’abondance de thèmes et de styles peut donner une impression de dispersion, risquant de perdre le spectateur dans une narration parfois trop ambitieuse.
Avec Les femmes au balcon, Noémie Marlant signe un deuxième film audacieux et riche en propositions. Si certaines idées auraient mérité d’être davantage développées ou mieux équilibrées, le film n’en demeure pas percutant, porté par d’excellentes performances et une réalisation pleine de promesses.
À travers ces trois femmes en quête de liberté, et grâce à des dialogues percutants, le film laisse son empreinte à la sortie et on y repense quelques jours après.

Vu le 16/12/2024. (1h40) Sortie : 11 décembre 2024