Jackie et Clotaire grandissent entre les bancs du lycée et les docks du port. Elle étudie, il traine. Et puis leurs destins se croisent et c’est l’amour fou. La vie s’efforcera de les séparer mais rien n’y fait, ces deux-là sont comme les deux ventricules du même cœur…
L’amour Ouf nous plonge sans détour dans l’univers de Clotaire, interprété avec intensité par François Civil, dans une première scène énergique qui capte aussitôt l’attention. Puis, le film fait un bond en arrière pour explorer l’adolescence des deux protagonistes, Clotaire et Jackie, nous permettant de découvrir les prémices d’une histoire d’amour aussi tumultueuse que sincère.
Situé dans les années 80, le film parvient à recréer une atmosphère empreinte de réalisme et de nostalgie : les décors de la ville et des paysages, les vêtements ainsi que les objets devenus un peu iconiques ou kitsch, et surtout une bande-son marquent un retour efficace dans le passé . Ce Nord de la France est représenté sans trop de clichés, avec un naturel qui ancre le récit dans la société de l’époque.
Un voyage vibrant, entre rébellion et tendresse.
La romance entre Clotaire et Jackie est touchante et pleine de fougue. Au gré des scènes, on ressent cette soif de liberté, ce sentiment que le monde entier leur appartient, comme un doux rêve éveillé. Leur histoire défile sous nos yeux au rythme de virées en mobylette, de musiques vibrantes, et d’instants volés à un quotidien à la fois banal et extraordinaire. Les familles jouent également un rôle important dans cette fresque ; le père de Jackie, joué par Alain Chabat, et les parents de Clotaire ajoutent de la profondeur, ancrant les personnages dans le réel avec toute la tendresse et l’inquiétude et l’amour parental.
Le basculement de Clotaire dans un parcours plus sombre ajoute une autre dimension au film. Malik Frikah impressionne par l’intensité de son interprétation de Clotaire adolescent, naviguant entre rage, tristesse, et une fragilité bouleversante. Puis, à l’âge adulte, François Civil et Adèle Exarchopoulos reprennent ce flambeau avec une émotion palpable, explorant la complexité de l’amour et des désillusions, mais aussi la quête de rédemption et de vengeance.
L’amour, la violence et l’irrésistible souffle des années 80.
Du point de vue technique, L’amour Ouf est très bien réalisé et monté. Le cadrage et les plans renforcent l’intimité de certaines scènes et amplifient les moments d’action avec précision. Si le film parvient à toucher grâce à cet amour puissant et universel, il n’hésite pas non plus à aborder des sujets plus sombres, comme la violence liée au monde de la drogue et du banditisme, un contraste qui apporte au récit une profondeur parfois dure.
Pour autant ce dernier aspect de L’amour Ouf le fait souffrir par moments d’un excès d’ambition. En cherchant à aborder plusieurs genres et en jouant sur une nostalgie assumée, le film peut parfois paraître un peu chargé, se dispersant au détriment de l’émotion surtout dans la deuxième partie du film. La fin essaye d’être originale avec un petit revirement de situation mais quelque peu « facile », surtout après une introduction aussi intense et en raison du destin réservé à certains personnages secondaires, comme celui de l’ami de Clotaire joué par Jean-Pascal Zadi.
Il n’en reste pas moins que ce genre de proposition est rare en France pour une fresque de ce genre, où se mêlent romance, drame et violence sur fond de pop et de mélancolie. L’amour Ouf est une aventure singulière qui mérite d’être vue sur grand écran, et bien qu’imparfaite, elle se distingue par son ambition et la force de ses personnages.
Bref, un film vibrant à la fois tendre et violent, un amour aussi éblouissant que dangereux.

Vu le 04/11/2024. (1h25) Sortie : 16 octobre 2024