A Barbie Land, vous êtes un être parfait dans un monde parfait. Sauf si vous êtes en crise existentielle, ou si vous êtes Ken.
Le film intrigue, d’autant plus l’écho médiatique qu’il génère. En y allant, on se demande bien à quoi s’attendre. Comment réaliser un film Barbie avec des acteurs ? Pour quelle approche et quelle histoire ?
Une comédie divertissante avant tout.
Passé le postulat de départ avec un BarbieLand connecté à notre réalité, le film fonctionne. Une première partie assez dynamique et drôle, une deuxième plus longue et moins intéressante.
En plastique ou carton-pâte, la reproduction visuelle de l’esthétique et de la culture liées à Barbie est réussie, avec des décors emblématiques qui prennent vie. On retrouve la maison de Barbie, des objets iconiques quand ce ne sont pas directement les attributs de certains modèles qui sont mis en avant.
Visuellement réussi, cette retranscription de BarbieLand permet de rire en amenant certaines situations dans le monde réel avec la naïveté des poupées. Même dans leur monde, les voir vivre leur vie permet de rire plusieurs fois. D’autant plus que pour une fois, le choix d’avoir mis une voix narrative permet de briser avec humour le 4ème mur.
Enfin si l’aspect comique fonctionne, c’est parce que le film se moque aussi allégrement des Barbies, de la société Mattel directement et du patriarcat en poussant la caricature assez loin pour montrer l’absurdité et l’hypocrisie de la société quant à la complexité de ce que l’on demande aux femmes. Le personnage de la maman, interprété par America Ferrera, exprime avec justesse cette colère.
Le film ironise donc sur de très nombreux éléments. Ce qu’a représenté et ce que représente toujours Barbie avec ce qu’ils veulent faire passer pour des erreurs passées et de la nécessité de faire évoluer tout ça.
Mais d’une hypocrisie totale…
Tout cela est produit par Mattel et, s’il se moque d’eux et donne l’impression de ne pas omettre les critiques que l’on peut leur faire en apparence, quelle publicité ! Le Rose, l’esprit Girly et les stéréotypes sont très largement présents et mis en avant. On a beau retrouvé de nombreux acteurs assurant des métiers très différents, le contraste reste saisissant entre la possibilité de mélanger le monde Barbie à la réalité du monde réel. Par ailleurs, à part les 4 ou 5 personnages principaux, les autres font plus de la figuration qu’autre chose. On imagine tous la réalité d’une neurochirurgienne à se pomponner après une grosse opération à la mode des années 50 pour pouvoir faire une soirée pyjama…
Le fait est que, pour reprendre l’exemple du pamphlet lancé par la mère, le discours intéressant sur le moment est très vite mis à mal si on prend un peu de recul. Le discours sur l’égalité est parfois remis en question, car le film semble se contenter d’inverser la balance entre dominants et dominés au lieu de prôner une véritable égalité. A plusieurs reprises même, quelques phrases entendues font tiquer en se disant qu’ils essayent de nous faire avaler une volonté de leur part un peu grosse. Eh oui, on n’a rien compris ! Le but de Mattel aurait toujours été d’offrir à toutes les petites filles une façon de se projeter et d’être libre : de faire ce qu’elle souhaite de leur vie mais la société. Mais la vilaine société humaine a fourvoyé leur objectif…
Il n’en reste pas moins que la musique est sympathique, avec des chorégraphies drôles et réussies. Margot Robbie s’en sort très bien dans les différentes parties du film,Ryan Gosling plus compliqué au vu de l’évolution souhaité par le scénario du personnage.
A noté, une scène introductive
Bref, sur le moment, un bon divertissement, on sourit grâce aux bonnes idées et aux références détournées malgré une histoire assez creuse derrière. Pas sûr que la morale et le message soit réellement compatible avec le vrai monde Barbie de Mattel. En tout cas, ils sont malins : beau coup de pub et pas seulement pour Mattel puisque l’on a le droit à des gros plans sur différents logo de grande marques (chaussures, voiture, vêtements…)!
Comment recréer le mythe Barbie et donner envie à une nouvelle génération d’acheter à leur fille des poupées, en prônant que Barbie est féministe : sorte de PinkWashing !

Vu le 24/07/2023 en VOst. (1h55) Sortie : 19 juillet 2023