Février 1974. Parce qu’elle se retrouve enceinte accidentellement, Annie, ouvrière et mère de deux enfants, rencontre le MLAC – Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception qui pratique les avortements illégaux aux yeux de tous.
Quand une histoire permet de retracer un morceau d’Histoire !
Le film est bien entendu l’occasion de revenir sur la société des années 70 mais surtout il permet de suivre le parcours d’Annie : sa rencontre avec le MLAC, sa démarche, son passé avec l’avortement et la découverte de ce mouvement auquel elle va participer activement.
Cette petite incursion dans la vie d’Annie est assez réussie. On suit avec plaisir l’évolution de son personnage (entre autres au sein de sa famille) via son émancipation, la rencontre avec son propre corps et la rencontre avec d’autres femmes, chacune avec leur propre histoire. On a donc le droit à un film avec un « vrai » récit à personnages et pas simplement un prétexte à faire une fiction-documentaire.
Pas de faute dans l’interprétation de Laure Calamy et pas de surjeux pour les personnages les plus motivés dans le mouvement comme celui de Zita Hanrot ! La complicité puis la relation qui se crée entre les personnages féminins est touchante. On la ressent avec intensité dès la scène d’avortement d’Annie.
Très émouvante, le film arrive à lui donner une certaine profondeur. La scène prend le temps d’être jouée du début à la fin et les acteurs retranscrivent à l’écran de nombreux sentiments comme la peur, la douceur et l’angoisse de l’acte médical. Un sacré mélange d’émotions, le tout sur une chanson retravaillée avec brio et à cappella de « Les enfants du pirée » !
Ces différents personnages ne nous laissent donc pas indifférents et permettent d’aborder de nombreux sujets avec comme thème de fond la liberté de la femme dans la société. L’avortement est le pilier du film mais le scénario en profite pour aborder le mariage, la contraception, le consentement…
Tous ces sujets sont traités avec intelligence et on ne tombe pas dans le film pamphlet qui ne serait qu’un discours politique pro-avortement. Bien que très bienveillante dans son approche, la réalisation essaye d’apporter quelques nuances dans le message lié à la possibilité d’avoir le choix de oui ou non avorter.
Qui dit bienveillance, dit pédagogie !
C’est intéressant de voir comment le film arrive à montrer et à parler de l’avortement sans tomber dans le sensationnel choquant tout en essayant d’en parler le plus possible avec sincérité.
Un film intéressant dans le contexte actuel où, 50 ans après, certains discours s’immiscent de plus en plus dans la société quitte à perdre un jour les fruits de certaines luttes. D’autant plus quand on voit le manque de moyens et de temps réellement mis dans l’éducation à la sexualité au collège et au lycée ! Le film trouverait sa place dans un projet mêlant différentes disciplines comme l’histoire, le français, le théâtre et les sciences…

Vu le 10/12/2022. (2h00) Sortie : 30 nov. 2022